Catherine Lezon a d’abord obtenu deux diplômes de niveau Master dans les domaines scientifique, économique et financier ( ingénieur de l’École Polytechnique française, Institut d’Études Politiques de Paris). Elle est ensuite devenue actuaire qualifiée et certifiée, membre diplômé de l'Institut des Actuaires Français. Elle a exercé une activité professionnelle dans le contrôle du secteur financier par les pouvoirs publics, en dernier lieu dans un organisme international (« International Association of Insurance Supervisors ») au sein de la Banque des Règlements Internationaux à Bâle. Elle a également été chargée d’enseignement à Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ( Master « Droit des assurances », cours de droit des compagnies d’assurance) et à l’Université Paris Dauphine ( Master „Banque, Finance, Assurance“, tutoriels d’actuariat).

Depuis 2019, elle se consacre à des activités littéraires et artistiques (chant au sein de l’« English Seminar Choir » de l’Université de Bâle, théâtre au sein de la troupe « Macha et Compagnie » de l’Alliance française de Bâle), domaines qui font partie, depuis toujours, de ses centres d’intérêt majeurs. Elle a obtenu un Master de littérature générale et comparée à l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris 3) en 2022, et elle prépare actuellement une thèse de doctorat en littérature française et générale à l’Université de Bâle sous la direction du Prof. Dr. Hugues Marchal.

 Approches de la connaissance chez une sélection de scientifiques-poètes modernes et contemporains

L’objet de la recherche est d’analyser l’approche de la connaissance dans les poèmes, essais et écrits de vulgarisation d’une sélection de scientifiques-poètes modernes et contemporains: les astrophysiciens Aurélien Barrau, Rebecca Elson et Jean-Pierre Luminet, le neurobiologiste Georges Chapouthier, le chirurgien Loránd Gáspár, l’immunologue Miroslav Holub, et l’agronome Suzanne Mériaux.

Le contexte théorique se réfère aux évolutions récentes des statuts philosophiques respectifs de la poésie et des sciences au regard de la démarche de connaissance, champ qui convoque nombre d’enjeux cognitifs. Au nombre de ceux-ci figurent les positionnements respectifs de la poésie et des sciences quant à la vérité philosophique ainsi que la complémentarité des méthodes scientifiques et des démarches poétiques. Cet aspect amène à examiner le rôle des métaphores, des analogies et des modèles, du langage et de l’imagination dans les deux domaines, tout en interrogeant l’objectivité revendiquée des sciences, laquelle est souvent opposée à la perception d’une subjectivité propre à la poésie mais mise en doute par le mouvement constructiviste. À la perception souvent répandue d’une séparation croissante entre la démarche scientifique et la culture humaniste et d’une prééminence de la première au détriment de la seconde (pouvant aller jusqu’au réductionnisme scientifique) répondent des tentatives de rapprochement de la poésie et de la science à l’époque moderne. Dans ce contexte, les œuvres poétiques de scientifiques présentent un intérêt particulier, d’autant qu’il n’existe pas encore de recherche comparée incluant des scientifiques-poètes contemporains de langues française et anglaise et s’attachant à dégager leur spécificité.

La problématique de départ consiste à rechercher comment les scientifiques choisis approchent la connaissance dans leurs œuvres poétiques, en plaçant leurs démarches dans le contexte théorique précédemment évoqué des positionnements philosophiques respectifs de la poésie et des sciences et dans la perspective historique et culturelle adéquate. Les objectifs de recherche incluent d’examiner comment la méthode scientifique et la démarche poétique se marient et se complètent en pratique, et comment l’angoisse générée par un savoir objectif peut se traduire en poésie. La méthodologie consistera, après avoir consacré les chapitres liminaires aux évolutions des rapports entre poésie, sciences et philosophies/ontologie dans une perspective historique littéraire et culturelle tenant compte des différences nationales, à analyser le corpus constitué par les œuvres littéraires des sept scientifiques-poètes proposés. Le travail entrepris vise à permettre de mieux comprendre comment les scientifiques-poètes étudiés ont articulé la démarche poétique et la démarche scientifique, en particulier concernant le rôle de l’imaginaire dans l’invention et la créativité et l’usage du langage, des métaphores et des analogies, et comment l’œuvre de ces auteurs contribue au positionnement actuel des humanités par rapport aux sciences au regard des grandes interrogations existentielles contemporaines telles que celles liées à l’angoisse écologique et à l’incertitude éthique quant au devenir de l’homme.